Expositions

Archipel des Bijagos

Un patrimoine à préserver
Du 6 avril au 18 décembre 2005.
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L’Archipel des Bijagos : une incroyable biodiversité… à protéger.

Cette exposition a été réalisée pour la Conférence Internationale intitulée « Biodiversité: Science et Gouvernance » (UNESCO - Paris, 24-28 janvier 2005) par le Programme Régional de Conservation de la Zone Côtière et Marine en Afrique de l’Ouest (PRCM).
Le but de cette exposition est de faire connaître l’Archipel des Bijagos, situé au large de la Guinée Bissau, le mode de gestion traditionnel des ressources qui préserve la biodiversité ainsi que les menaces extérieures qui pèsent sur un remarquable environnement jusqu’ici préservé par les communautés locales.
Par cette exposition, le PRCM soutient la candidature de l’Archipel des Bijagos pour obtenir le classement de Site du Patrimoine Naturel et Culturel Mondial, sous l’égide de l’UNESCO.

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Bras de mer ou bolon à marée basse © Hellio - Van Ingen

L’Archipel des Bijagos : entre tradition et modernité

L’archipel des Bijagos se situe au large des côtes de la Guinée Bissau. Il est habité principalement par l’ethnie Bijago qui, au cours de son histoire, a mis en place un système d’exploitation des ressources et de l’espace original. Seules une vingtaines d’îles parmi les 88 sont occupées en permanence, les autres faisant l’objet d’exploitations saisonnières ou, considérées comme sacrées, n’étant utilisées que pour des cérémonies magico-religieuses spécifiques.

Depuis une vingtaine d’années, l’archipel fait l’objet de nombreuses convoitises de la part d’acteurs exogènes intéressés par les ressources de la pêche, du tourisme ou de l’agriculture. Face aux risques liés à la dégradation d’un patrimoine culturel et naturel exceptionnel, plusieurs institutions nationales et internationales ont conjugué leurs efforts pour mettre en place des mécanismes visant à renforcer les grands équilibres entretenus par les Bijagos.
D’importants travaux scientifiques, une cartographie et un zonage complets de l’archipel ont été réalisés en collaboration avec ces derniers et ont abouti à la création d’une Réserve de la Biosphère dans le cadre du Programme MaB (Man and Biosphere) de l’UNESCO. Au sein de la Réserve, deux grands Parcs Nationaux ont été crées pour une protection plus stricte de la biodiversité (hippopotames marins, tortues marines, lamantins, oiseaux d’eau etc…).

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L'hippopotame occupe une place privilégiée dans la cosmogonie bijago © Hellio - Van Hingen

Le complexe des îles d’Urok, faisant l’objet de fortes pressions exogènes du fait de sa proximité du continent, a pour sa part mis en place une aire protégée communautaire qui doit permettre une articulation efficace entre les règles d’usage traditionnelles et les réalités modernes.

Les Institutions concernées par un développement durable de cet archipel ont sollicité le concours de deux photographes professionnels (Jean François Hellio et Nicolas Van Ingen).
Ceux-ci ont passé deux mois avec les Bijagos à deux périodes de l’année (saison  sèche et saison des pluies).
Simultanément un dossier est en cours d’étude auprès de l’administration pour préparer la candidature de l’archipel en tant que site du Patrimoine Culturel et Naturel mondial de l’UNESCO. La Conférence Internationale « Biodiversité: science et gouvernance » (UNESCO-Paris, 24-28.01.2005) a présenté une opportunité exceptionnelle pour faire connaître l’archipel des Bijagos et les enjeux dont il fait l’objet. Il s’agit d’une situation archétypique des peuples indigènes au XXIè siècle pour laquelle les grandes orientations du programme MaB de l’UNESCO en matière de conservation et de développement durable trouvent ici un cadre d’application susceptible de servir d’exemple à l’humanité.

L’exposition se présente sous forme de photographies grand format, y compris sous forme de bâches suspendues entre lesquelles les visiteurs pourront déambuler. Quatre ou 5 panneaux permettent d’introduire de manière simplifiée les grands axes de la réalité parmi lesquels : la nature, biodiversité et ressources ; des rites culturels et religieux pour gérer l’espace et ses ressources ; globalisation et pressions exogènes ; la Réserve de Biosphère, cadre approprié pour la science, l’éducation et la conservation au bénéfice des communautés et du pays.
Chacune des thématiques, illustrée par 7 à 8 photos, s’attache principalement à mettre en lumière les liens entre l’homme et l’environnement, montrant en particulier comment la culture bijago influe sur l’état de l’environnement et vice versa. Une composante spécifique expose les travaux scientifiques réalisés dans l’archipel, notamment les travaux du laboratoire du CNRS Géomer qui accompagne cette aventure depuis 1989.

Les Institutions qui proposent cette exposition sont le Bureau de Planification Côtière du Ministère du Développement Rural, la Direction Générale de l’Environnement, l’Institut National d’Etudes et de Recherches de Guinée Bissau en collaboration avec l’ONG nationale Tiniguena – cette Terre est à nous, l’UICN, la Fondation Internationale du Banc d’Arguin – FIBA, le programme Régional de Conservation de la Zone cötière et Marine d’Afrique de l’Ouest – PRCM et le comité MaB France.

L’Archipel des Bijagos est l’unique archipel deltaïque de la côte Atlantique Africaine, composé de 80 îles qui s’étendent sur près de 10 000 km² au large de la Guinée Bissau. Il est constitué de vastes bancs de sables, vasières, mangroves, palmeraies et savanes abritant des ressources naturelles abondantes et diverses.
Aujourd’hui, près de 25 000 habitants peuplent l’archipel, appartenant pour la grande majorité à l’ethnie bijago.
Le système de production bijago est basé sur une exploitation extensive et diversifiée des ressources naturelles à des fins de subsistance. Si seule une vingtaine d’îles est habitée en permanence, c’est l’ensemble de l’archipel qui est exploité, selon des règles traditionnelles de gestion de l’espace, du temps et des ressources.
Le riz pluvial est la base de l’alimentation. Il est cultivé sous les palmeraies, qui produisent également l’huile et le vin de palme. Les protéines animales proviennent de coquillages collectés par les femmes sur les vasières, d’un petit élevage de poissons, pêchés à l’épervier ou piégés à l’aide d’ingénieuses structures en osier ou en pierre qui le retiennent à marée basse.
L’économie se caractérise par son degré élevé d’autarcie, les Bijagos ayant vécu jusqu’à nos jours sans aide extérieure significative.

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Campement sur le littoral © Hellio - Van Ingen

Cette ethnie se distingue par sa dimension culturelle et animiste très marquée, qui a conduit à la sacralisation de certains sites (bras de mer, caps ou îles) utilisés à des fins de cérémonies et d’initiations. Ce statut sacré, préfigurant le concept d’aire protégée, a contribué à préserver un environnement sain et productif ainsi qu’une riche biodiversité, dont des espèces emblématiques, telles que les poissons scies, les tortues marines, les lamantins ou encore les hippopotames, occupent une place significative dans la cosmogonie bijago. Consacrant le lien entre la richesse culturelle et patrimoine naturelle, l’archipel des Bijagos a été classé en Réserve de Biosphère par l’UNESCO en 1996.

Un archipel convoité

Depuis quelques dizaines d’années de nombreuses influences extérieurs sont venues troubler cet équilibre séculaire. L’archipel, autrefois fermé sur son propre mystère, est aujourd’hui la proie de maintes convoitises. Ses ressources bien préservées attirent les pêcheurs industriels d’Europe, d’Asie ou de Chine, qui parfois s’introduisent illégalement dans ses eaux. Les pirogues artisanales des pays voisins, aux ressources halieutiques surexploitées, viennent y pêcher des espèces vulnérables telles que le requins dont les ailerons sont prisés sur les marchés asiatiques. Les paysages harmonieux et sauvages et l’archipel correspondent aux critères de certains promoteurs touristiques, parfois peu respectueux des équilibres de l’environnement et de la société traditionnelle. Le commerce international encourage la monétarisation progressive de l’économie bijago; celle-ci se tourne peu à peu vers des cultures de rente telles que le cajou, qui se substitue par endroits aux palmerais et aux espaces en jachère. A l’horizon se profilent des risques autrement plus menaçants tels que l’exploitation pétrolière offshore et les chantiers de démantèlement de vieux navires, avec leurs cortèges de pollutions et de misères sociales.

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Assemblée des îles d'Urok © Hellio - Van Ingen

Pour aborder ces nouvelles perspectives tout en protégeant les bases sociales, culturelles et environnementales qui fondent l’équilibre de l’archipel, deux parcs nationaux ont été crées en 2000 pour protéger certaines zones centrales de la Réserves de Biosphère et des partenariats ont été mis en place dans le cadre de la Réserve de Biosphère. L’institut National d’Etudes et de Recherches – INEP, le Cabinet de Planification Côtière – GPC et des ONG nationales et internationales telles que Tiniguena, l’Union Mondiale pour la nature – UICN et la Fondation internationales du Banc d’Arguin – FIBA se sont regroupés au sein d’une coalition qui s’investit dans le développement communautaire, la conservations, a recherche scientifique et l’éducation avec l’appui de bailleurs de fonds (Pays-Bas, Suisse et Fondation MAVA notamment). Fédérés dans le cadre du Programme Régional de Conservation de la Zone Côtière et Marine d’Afrique de l’ouest – PRCM, ces Institutions vous présentent aujourd’hui une exposition sur l’Archipel des Bijagos et soutiennent sa candidature pour obtenir le classement du Site du Patrimoine Naturel et Culturel Mondial, sous l’égide de l’UNESCO.

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Un bijago aide des tortues vertes nouvellement écloses à regagner la mer © Hellio - Van Ingen

L’Archipel des Bijagos, un patrimoine à préserver.

Le fond sonore original a été crée pour l'occasion par le compositeur Jean-Pascal Vielfaure, sur la base de musiques et de chants traditionnels enregistrés par Danielle Gallois-Duquette, en 1976.

Les posters ont été réalisés avec l'aide de l'IRD et du MNHN.

 

 

Pour en savoir plus :

Le milieu naturel et l'environnement socio-économique et humain

La mangrove

Le développement durable