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Je ne verrai pas Okinawa

À l’heure du règne de “ l’immigration choisie ”, de la suspicion généralisée à l’endroit du modeste voyageur simplement épris de culture, de découverte, d’échange et peut-être d’amour, il n’est pas aisé de passer les frontières. D’accord ! Certaines frontières et certains voyageur… Mais la mésaventure peut aussi arriver à une charmante française désireuse de retrouver son amour installé au Japon...

À l’heure du règne de “ l’immigration choisie ”, de la suspicion généralisée à l’endroit du modeste voyageur simplement épris de culture, de découverte, d’échange et peut-être d’amour, il n’est pas aisé de passer les frontières. D’accord ! Certaines frontières et certains voyageur… Mais la mésaventure peut aussi arriver à une charmante française désireuse de retrouver son amour installé au Japon. C’est ce que raconte la mangaka française Aurélie Aurita dans Je ne verrai pas Okinawa. L’expérience est autobiographique. L’auteure signe là sa troisième Bd après Fraise et Chocolat, diptyque polisson et même torride paru chez le même éditeur. Le coup de crayon est léger, minimaliste, un brin naïf à l’image de cette charmante Chendu qui se voit refuser par les services de l’immigration un séjour de trois mois dans l’Empire du milieu. Trop long ! Cela est suspect. Imaginez que la petite “ Frenchie ” en profite pour trouver un travail… Aurélie Aurita, raconte avec efficacité et une désarmante franchise - dialogues et dessins - l’humiliation, la déshumanisation, l’indignité qui affligent l’étranger pris dans les filets de fonctionnaires peu amènes, gardiens en chef de l’Etat nation. À contrario, si la loi est dure, le Nippon lui est bon : partout, le couple de Français enfin réuni est accueilli avec bienveillance et gentillesse par les Japonais, dans les rues, au restaurant et dans le voisinage. Cela est sans doute un peu forcé et subjectif car, comme le montre dans une postface alerte Michel Temman le correspondant local de Libération, “ le rapport du Japon avec les étrangers, avec l’étranger, demeure ambigu ”. Qu’importe, “ tout au fond de moi-même je sais que j’ai le droit de vivre ici ” dit Chendu. Voilà qui rappelle les propos d’un grand sédentaire devant l’éternel, Emmanuel Kant qui, dans son Projet de paix perpétuelle, écrivait : “ personne n’a originairement le droit de se trouver à un endroit de la terre plutôt qu’à un autre ”. Et pourtant, Chenda ne verra pas Okinawa… Mustapha Harzoune

Aurélie Aurita, Je ne verrai pas Okinawa, éditions Les Impressions nouvelles, 2008, 80 pages, 12 €. Site de l'éditeur : www.lesimpressionsnouvelles.com