Environnement et biodiversité

La Réunion

Les îles des Mascareignes sont longtemps restées isolées. La faune de La Réunion ne comptait à l’origine que peu de mammifères dont des chauves-souris insectivores dont il ne reste que deux variétés. En ce qui concerne la végétation, sur les coulées de laves consolidées, se déposèrent des semences venant des terres continentales et apportées par les vents, les oiseaux ou les courants marins. Les lichens furent les premiers à se développer. Vinrent ensuite les fougères, les arbres puis les premières forêts se formèrent. Les variétés endémiques de La Réunion ou des Mascareignes se sont alors peu à peu développées.
La faune et la flore d’origine ont été fortement modifiées par l'arrivée des premiers habitants. Chez les oiseaux, les espèces endémiques ou indigènes sont plus importantes. Certaines variétés ont disparu et l’une d’elles est en danger (le tuit-tuit ou merle blanc). Parmi les espèces non menacées, on peut citer la tourterelle de Madagascar, le "tec-tec", le "zoiseau la vierge", le "paille-en-queue" ou la célèbre "papangue" (sorte de busard dont la protection semble assurée).
Les reptiles ont presque tous été introduits. Les plus connus sont les couleuvres (il n’existe que deux variétés), les lézards et surtout "l’endormi" (caméléon). Ce curieux animal se caractérise par une queue préhensile, des doigts et orteils en forme de pinces et des yeux globuleux aux mouvements indépendants.
La présence de l’homme a conduit à la disparition de nombreuses espèces animales et végétales comme par exemple l'Ibis de La Réunion. Les espèces de mammifères telles que le cerf ou le lièvre ont été apportées par les colons et se sont développées. Certaines formations végétales, telles la forêt de bois de couleur ou celle des tamarins, n’existent que sur l’île. Afin de compléter les variétés de plantes comestibles, ont également été implantées diverses espèces végétales comme les mangues, les letchis et les longanis.
Aujourd’hui, il n’existe plus de forêts primaires ; plusieurs espèces exotiques envahissent l’île et menacent l’écosystème d’origine. Beaucoup d'espèces endémiques de La Réunion, tant animales que végétales, sont à l’heure actuelle gravement menacées d'extinction.

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Martin-pêcheur © Conservatoire du littoral
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Fleur de frangipanier © Olivier Claudel

Mayotte

Récifs coralliens, mangrove, herbiers… Mayotte possède une large gamme d’habitats, à l‘équilibre fragile, qui abritent des espèces rares. A Mayotte de nouvelles espèces sont régulièrement identifiées car l’endroit présente une grande variété de biotopes. Il est donc capital de préserver les différents milieux de l’archipel afin de protéger toute la biodiversité qu’ils abritent.
Les mangroves de Mayotte, composées de palétuviers aux longues racines, jouent un rôle écologique en entravant l'écoulement des sédiments. Elles servent de refuge pour beaucoup d’espèces : usitées comme reposoir, dortoir et parfois nichoir par de nombreux oiseaux, leur préservation est nécessaire pour la survie des espèces qui s’y abritent.
Le lagon et les herbiers de phanérogames (plantes adaptées à une vie totalement submergée) présentent une diversité spécifique très riche. Les herbiers servent par exemple de sources de nourriture pour les tortues, les oursins, les petits crustacés et les dugongs et servent de nurserie pour divers mollusques, poissons et crustacés.

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Mangrove de Chirongui © Conservatoire du littoral
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Maki de Mayotte © Conservatoire du littoral

Les Îles Éparses

Les Îles Éparses sont marquées par un isolement extrême et des conditions climatiques spécifiques qui ont contribué au développement d’un fort taux d’endémisme et ont permis de protéger leur nature sauvage.
Ces « confettis » de sable, possèdent des écosystèmes diversifiés et complexes, comme les mangroves ou les récifs coralliens. Ces îles abritent également de nombreuses espèces d’oiseaux marins : Juan de Nova abrite par exemple la plus grande colonie de sternes fuligineuses de l’Océan Indien. Les frégates, oiseaux particulièrement menacés, font d’Europa l’une des trois seules îles de l’ouest de l’Océan Indien à héberger encore des colonies de cette espèce.
La zone nord du canal du Mozambique est reconnue comme l’un des « hot spots » de la biodiversité. Les plages des îles éparses sont d’importants lieux de pontes pour les tortues marines vertes et imbriquées, espèces menacées et protégées au niveau international.
Les Îles Éparses comportent donc des richesses naturelles que l’homme se doit de protéger. Elles sont classées en réserves naturelles depuis 1975. Cette protection devrait être prochainement renforcée par la création d’aires marines protégées.

 

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Colonie de sternes sur Europa © Serge Gélabert

Les menaces qui pèsent sur l’environnement

Les îles françaises de l’Océan Indien possèdent des richesses naturelles inestimables. Pourtant ces trésors de biodiversité sont menacés.
Tempêtes, cyclones, réchauffement des eaux, acidification des océans, infestations de prédateurs, sont autant de facteurs naturels qui mettent en péril l’équilibre des environnements concernés.
A ceux-ci s’ajoutent les dégradations liées à l’Homme et à ses diverses activités : pollutions chimiques, urbanisme croissant, surpêche, défrichement, tourisme, introduction d’espèces invasives… sont un ensemble de facteurs qui dégradent l'intégrité écologique des îles.
Des initiatives sont prises pour préserver les richesses naturelles. Certains sites bénéficient d’une protection accrue grâce à un classement en aire marine protégée ou en réserve naturelle, des recherches scientifiques sont menées pour trouver des solutions adaptées à chaque situation, la surveillance des sites et la sensibilisation des populations sont des actions mises en avant, mais tous les risques ne sont pas encore écartés.

La préservation des récifs coralliens

Devant les menaces qui pèsent sur les récifs coralliens et compte tenu de l’importance du patrimoine naturel, culturel et économique qu’ils représentent, des initiatives voient le jour afin de prôner une gestion durable de ces écosystèmes fragiles.
Engagée en mars 1999, l’IFRECOR (initiative française pour les récifs coralliens) est une action nationale en faveur de la protection des récifs coralliens et de leurs écosystèmes associés (mangroves et herbiers) cofinancée par les ministères en charge de l’écologie et de l’outre-mer.
L’initiative est animée par un comité national chargé de coordonner les échanges, de définir un cadre général d’action, de valider et mettre en œuvre le plan national. Un comité local est également présent dans chacune des collectivités. Le cadre national d’action se décline en 6 grands axes d’action : récifs et politiques publiques, aires marines protégées, développement durable des activités, recherche et suivi, éducation, développement des moyens d’action, des échanges et de la coopération.
Le plan national d’actions se développe en thématiques transversales, déclinées dans chaque collectivité et coordonnée par l’une d’entre elles. La Réunion, par exemple, a la charge de coordonner le réseau de surveillance des récifs et de leurs écosystèmes associés, ou encore de développer des méthodes cartographiques harmonisées entre toutes les collectivités.

Quel impact du blanchissement des coraux sur les poissons ?

Les effets néfastes du changement climatique sur les milieux coralliens ne font plus l’ombre d’un doute : une augmentation de quelques degrés de la température de l’eau provoque l’expulsion d’algues microscopiques qui vivent en symbiose avec les coraux et le blanchissement de ces derniers. La plupart du temps, le corail meurt et il est colonisé rapidement par les algues. Mais quel est l’impact de ce phénomène sur les peuplements de poissons ?
Une étude scientifique de grande envergure sur plus de 60 sites dans l’Océan Indien montre que la dégradation du corail modifie la diversité, la taille et la structure des peuplements de poissons, notamment ceux qui en dépendent étroitement pour se nourrir ou se protéger, comme les poissons papillons. En revanche, ce phénomène est favorable aux espèces herbivores qui consomment les algues proliférant sur le corail mort, comme les poissons perroquets ou chirurgiens.
Dans les aires marines protégées étudiées, le blanchissement des coraux et leur dégradation ont un impact moindre sur les peuplements de poissons car elles sont protégées de la pêche ; néanmoins, les coraux n’ont pas reconquis plus rapidement le milieu. Ce constat incite aujourd’hui les chercheurs à préconiser la mise en place de réserves spécialement dédiées à la préservation du corail et aussi éloignées que possible de l’équateur où le réchauffement des eaux est le plus intense.

Prédire le risque d’extinction des poissons récifaux

Les récifs coralliens sont les milieux marins les plus riches en biodiversité. En effet, sur une surface inférieure à 0,02 % des océans de la planète, ils abritent environ un quart de la faune et de la flore marine connue. Particulièrement fragiles, ils sont de plus en plus menacés, tant par les changements globaux (variation de la température, de la salinité, de l’acidité des eaux…) que par les activités humaines locales (pêche, tourisme, pollution agricole…).
Les poissons vivant dans les milieux coralliens sont très affectés par ces perturbations. Une équipe de recherche internationale, comprenant une chercheuse de l’IRD, a développé une méthode pour analyser la vulnérabilité de 134 espèces de poissons récifaux face au blanchissement corallien induit par les changements climatiques globaux. Plus d’un tiers des espèces sont menacées d’extinction.
Cette méthode originale, qui permet de faire la distinction entre les espèces sensibles aux changements globaux et celles vulnérables aux activités humaines locales, est applicable dans des zones géographiques plus larges. Elle peut se révéler très utile pour renforcer les stratégies permettant de maintenir les fonctionnalités des écosystèmes coralliens menacés par les changements globaux sur lesquels il est plus difficile d’agir.

Les coraux réunionnais en mauvaise santé

Le récif corallien de La Réunion perd de sa superbe depuis le début des années 1980. Après dix ans de suivi de l’écosystème, le diagnostic, réalisé par une chercheuse de l’IRD à la demande de la Réserve Naturelle Marine de La Réunion, est sans équivoque : des coraux aux couleurs ternies, des algues en abondance, qui recouvrent les coraux morts, et une diversité en poissons appauvrie avec une forte prédominance de poissons herbivores.
L’accroissement de ces poissons traduit une prolifération des algues au détriment des coraux qui s’explique en partie par une diminution de la qualité des eaux du lagon. La forte pression humaine de l’île en est à l’origine : urbanisation, agriculture, eaux usées mal traitées, érosion des sols qui entraine terre et engrais dans le lagon…
Protéger le récif est essentiel du fait de ses rôles multiples : barrière contre l’érosion de la côte, réservoir de biodiversité, source de revenus pour les populations locales (pêche, tourisme). Dans cette optique, la Réserve Naturelle Marine de La Réunion réglemente depuis 2007 son accès et ses usages : sentiers balisés, zones « sanctuaires » et surveillance accrue et de la pêche et des loisirs.

L’Union Internationale pour la Conservation de la nature (UICN)

« Pour un monde juste qui valorise et conserve la nature »

Fondée en 1948 à Fontainebleau, l’UICN est une alliance de plus de 1000 organismes membres et 11000 experts, présents dans plus de 160 pays. C’est la seule organisation environnementale qui dispose du statut d’observateur auprès de l’ONU. La France est le 3ème pays qui accueille le plus grand nombre d’organismes membres de l’UICN.

Créé en 1992, il regroupe au sein d'un partenariat original 2 ministères, 13 organismes publics, 40 organisations non gouvernementales et plus de 250 experts. Il associe également les collectivités locales et les entreprises. Il a deux missions principales : répondre aux enjeux de la biodiversité en France et valoriser l'expertise française au niveau international.

Programme d’actions du Comité français de l’UICN

Le Comité français est le 2ème comité national de par l’importance de son programme d’actions.
A travers des Commissions et groupes de travail thématiques, il gère 7 programmes : Politiques de la biodiversité, Espèces, Aires protégées, Outre-mer, Gestion des Écosystèmes, Éducation et Communication, actions internationales.

La Liste rouge des espèces menacée

La Liste rouge de l’UICN est reconnue comme l’outil le plus fiable au niveau mondial pour évaluer le risque d’extinction des espèces. En France, le Comité français de l’UICN et le Muséum national d’Histoire naturelle coordonnent sa réalisation en métropole et en outre-mer. Il s’agit de réunir les meilleures informations disponibles sur les espèces, afin d’évaluer leur risque de disparition et de les classer (ou non) dans l’une des catégories d’espèces menacées : en danger critique CR (22 espèces), en danger EN (42 espèces) et vulnérable VU (265 espèces). La catégorie DD (432 espèces) indique que les données sont insuffisantes pour attribuer un statut de menace.

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Bernard l'hermite © Benoît Gysembergh

Les résultats de la Liste rouge de l’UICN dans l’océan indien

D'après la Liste rouge mondiale des espèces menacées de l'UICN, au moins 329 des espèces de l'Océan Indien sont menacées d'extinction. Ainsi, 5 des 6 tortues marines de l'Océan indiens sont menacées d'extinction.

Une espèce de corail menacée : Horastrea indica

Cette espèce de corail est rare dans son aire de répartition limitée de l’océan indien. Elle se trouve sur la pente externe des récifs. En outre-mer, elle est présente à Mayotte, à La Réunion et dans les Îles Éparses. Les surfaces occupées par cette espèce ont réduit de 45% sur trois générations (30 ans). Les conséquences du changement climatique et de l'acidification des océans risquent d’aggraver encore cette situation si aucune mesure de préservation n’est prise.

Le dugong, sirène en danger

Une distribution fragmentée

Le dugong est distribué dans les habitats côtiers de tout l’océan Indien tropical et jusqu’en Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu. Les populations australiennes, de Nouvelle-Calédonie et du golfe Persique sont assez abondantes, tandis que celles des côtes est-africaines et de Madagascar sont réduites et fragmentées.

Trois dugongs dans les herbiers de Mayotte

Les herbiers de Mayotte n’hébergeraient plus aujourd’hui que quelques individus, alors que le lagon pourrait en nourrir plus d’une centaine. Les principales raisons de ce déclin furent le braconnage de cette espèce protégée à des fins de pêches de subsistance dans les années 70-80 et les captures accidentelles depuis.

Urgence

La découverte récente d’une population dans le nord-ouest de Madagascar pourrait être une raison d’espérer la restauration de l’espèce à Mayotte. Toutefois, les mouvements naturels de dugongs ne pourront contribuer à la sauvegarde de l’espèce à Mayotte que si les captures accidentelles cessent totalement.

Baleines à bosse, le retour des géants

Lagons et atolls, berceaux des baleineaux

Les lagons et autres habitats côtiers tropicaux sont les habitats de reproduction privilégiés des baleines à bosse. Les mères y donnent naissance et allaitent leur baleineau, tandis que les mâles chantent à en perdre le souffle pour attirer l’attention des femelles en chaleur.

Le stock C et les voyages vers l'Antarctique

Dans l’hémisphère sud, les sites de reproduction de baleines à bosse sont séparés par les continents et les étendues océaniques en 7 stocks distincts, alors que les zones d’alimentation sont continues autour de l’Antarctique. Le sud-ouest de l’océan Indien héberge le stock C qui fréquente les sites de reproduction situés dans le nord du canal du Mozambique et de Madagascar, autour des Mascareignes et dans le sud des Seychelles.

Sauvées par l'arrêt de la chasse

Les baleines à bosse n’ont jamais été les plus nombreuses des grandes baleines, mais leur accessibilité en a fait une cible privilégiée des chasses baleinières. Réduite dans les années 60 à moins d’un quart des effectifs d’origine, le stock C reconstitue maintenant ses effectifs au rythme d’environ 10% par an depuis que la chasse commerciale est interdite.

Dauphins et baleines à bec

Diversité et abondance exceptionnelles

Parmi, les 23 espèces de cétacés à dents de l’océan Indien, les dauphins et les baleines à bec sont les deux familles les plus diversifiées. Les recensements réalisés en 2009 et 2010 dans la région, montrent que le canal du Mozambique hébergerait des concentrations de cétacés 5 fois plus fortes que les Mascareignes, constituant ainsi une région d’importance mondiale pour la conservation de ces animaux.

Îles, pentes et monts sous-marins

Les reliefs sous-marins, comme le talus continental de Madagascar, les pentes péri-insulaires et les monts-sous-marins sont les habitats les plus fréquentés par ces espèces.  En revanche, le domaine océanique et les lagons sont plus faiblement peuplés.

Patrimoine menacé

Le canal du Mozambique est maintenant sous la pression de nouvelles activités humaines qui pèsent sur ce patrimoine exceptionnel. La chasse directe de petits cétacés côtiers s’étend au sud de Madagascar, les pêches industrielles se développent et la prospection pétrolière menace les grands plongeurs comme les baleines à bec, par l’utilisation intensive de sources sonores de basse fréquence et forte puissance. Ces sonars, aussi appelés canons acoustiques, envoient des sons destinés à explorer la structure des sédiments. Ces opérations entrainent des mortalités accidentelles de cétacés, soit par l’action directe des ondes sonores, soit par les mouvements de fuite des animaux, ce qui dans les deux cas entraînent des lésions apparentées à un accident de décompression.

Les tortues marines en danger

Observées surtout dans les eaux tropicales et subtropicales, on dénombre 7 espèces de tortues marines dans le monde. Fragiles, notamment lors de la reproduction ou du fait des pollutions, les tortues marines sont en danger.
Elles sont inscrites à l’annexe I de la convention de Washington (CITES) et sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN).

Le sud-ouest de l’Océan Indien (SOOI), où évoluent 5 espèces de tortues marines, représente une région majeure pour leur reproduction et leur alimentation. À l’initiative de la CMS (Convention for Migratory Species), une convention régionale pour la gestion et la conservation des tortues marines et de leurs habitats dans l’océan Indien et le sud-est asiatique (IOSEA) a été instaurée. La France l’a ratifiée en mars 2009.

Les études sur les tortues dans l’Océan Indien

Depuis plus de 35 ans, l’Ifremer contribue au suivi des populations de tortues marines du sud-ouest de l’Océan Indien. Ce suivi est aujourd’hui effectué en partenariat avec Kélonia, l’observatoire des tortues marines de La Réunion, la Gendarmerie Nationale, les Forces Armées de la Zone Sud de l’Océan Indien (FAZSOI) et les Terre australes et antarctiques françaises (TAAF).

Depuis les années 80, le nombre de traces de tortues sont comptées sur les plages. Grâce à cette méthode, il est possible de calculer des indices d’abondance sur les îles françaises du SOOI et ainsi déterminer l’état de santé de ces populations.
Les études en cours poursuivent et affinent les connaissances. Elles portent sur les sites de reproduction et d’alimentation, le suivi des pontes et la réhabilitation de plages de pontes réunionnaises, les migrations ou encore les interactions entre tortues et pêche en haute mer…

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Tortue marine sur la plage des Glorieuses © Amandine George

25 ans de recherches sur les tortues marines de l’Océan Indien :

Jérôme Bourjea est chercheur au Laboratoire Ressources halieutiques de l’IFREMER à La Réunion. Depuis 25 ans il s’est intéressé à l’étude des populations de tortues marines qui fréquentent les eaux de l’Océan Indien. Ses recherches, en plus du grand intérêt scientifique qu’elles représentent, permettent de faire connaître au public les habitudes et les caractéristiques des tortues marines, menacées d’extinction, afin de mieux les protéger et d’assurer la pérennité de leur présence dans l’Océan Indien.
Sept espèces de tortues marines ont été recensées dans l’Océan Indien. Cette zone du globe représente un espace où les tortues continuent de venir pondre leurs œufs sur les plages. Les recherches de Jérôme Bourjea, qui restituent les déplacements et les habitudes de spécimens munis de balises de repérage, permettent d’ouvrir des pistes de réflexion sur les méthodes à adopter pour protéger les tortues marines et faire que l’Océan Indien reste un espace propice au bon développement de la biodiversité. En effet, les îles de l’Océan Indien et notamment les Îles Éparses, du fait de leur faible peuplement, bénéficient d’un relatif isolement qui incite les tortues, souvent gênées par les effets croissants de l’urbanisme et des activités humaines, à continuer de venir pondre leurs œufs sur les plages de cette zone.
Lorsque les œufs éclosent, les jeunes tortues émergent du nid et tentent de rejoindre l’Océan. Elles entament alors une compétition acharnée contre les prédateurs qui les guettent le long de leur trajet vers le large. S’il est possible d’étudier les spécimens lorsqu’ils se déplacent sur les plages, les études en phase pélagique (haute mer) sont complexes. Pour résoudre ce problème la méthode du balisage peut être employée. Elle consiste à capturer temporairement certains spécimens de tortues afin de les munir chacun d’une balise qui indiquera, une fois la tortue relâchée, sa position et son comportement de nage. Les données envoyées par la balise sont ensuite récupérées et modélisées afin de cartographier les trajets effectués par les différents spécimens.
En complément du balisage, chaque tortue étudiée fait l’objet d’un prélèvement génétique et est photographié de manière à être identifiée avec précision. Lors des études faites à terre, la densité des populations de tortues qui viennent pondre sur les plages est également  connue grâce à l’étude des traces laissées lors du des divers déplacements des mères pondeuses.

Les tortues marines possèdent la particularité de  pouvoir être distinguées grâce aux écailles qui se trouvent sur leur tête. En effet, aucun individu ne possède un arrangement similaire à un autre ; les écailles de tortues fonctionnent donc sur le même principe que nos empreintes digitales. Par le biais d’un logiciel de reconnaissance, un individu photographié peut alors être reconnu lors d’une capture ou d’une rencontre ultérieure.
Les populations de tortues qui fréquentent les eaux de l’Océan Indien ont été analysées sur chacune des Îles Éparses, ce qui a permis de définir les variations de périodes de pic de pontes en fonction des îles. En moyenne une femelle tortue pond trois à cinq fois par saison et le nombre d’œufs déposés par ponte dépend de l’âge de la femelle. Le sexe des jeunes qui émergent du nid dépend de la température d’incubation (phénomène rare chez les espèces animales).
Toutefois, la régularité de ces estimations peut être influencée par différents facteurs, souvent liés à l’homme. En effet, la dégradation du récif corallien, source de nourriture, incite les tortues à moins fréquenter la zone. L’occupation des plages par des structures liées aux diverses activités humaines tourisme, urbanisme…) empêche les tortues de venir pondre sur leurs endroits de prédilection. Les pêches accidentelles de tortues nuisent également à la survie de l’espèce.
A La Réunion le centre Kélonia récupère les tortues blessées ou capturées accidentellement afin de leur  fournir les soins nécessaires à leur remise en liberté.
Lors de leur séjour temporaire à Kélonia les tortues sont placées dans des bassins qui permettent à la population de l’île de venir les observer. Ces rapprochements entre Homme et tortues permettent de sensibiliser la population aux menaces qui pèsent sur ces animaux en voie de disparition et sont aussi l’occasion de riches récoltes d’informations pour les scientifiques.
Il est important de mieux connaître les tortues marines pour mieux les protéger.

Les tortues sous surveillance satellite

Le projet de recherche DYMITILE, pour DYnamique MIgratoire des Tortues marines nidifiant dans les ÎLEs françaises de l’océan Indien, est mené par l’Ifremer et Kélonia. Son objectif final est d’aboutir à des recommandations pour l’établissement d’un plan de conservation des différentes espèces de tortues du SOOI.

En croisant les données des précédents projets, tout en les complétant, DYMITILE va permettre d’identifier les aires d’alimentation des tortues vertes. Aussi, les individus femelles sont suivis par satellites, grâce à plus de 100 balises déployées sur des femelles de tortues vertes en ponte en 2010/2011 (phase 1).
Avec le déploiement de 25 nouvelles balises, la seconde phase (2011/2012) porte sur l’étude du comportement des tortues caouannes et olivâtres, sensibles à la pêche palangrière. Couplée à la sensibilisation des pêcheurs professionnels, elle permettra de mettre en place un processus grâce auquel les tortues blessées et capturées accidentellement seront ramenées à Kélonia.

Le Conservatoire du littoral

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Cirque de Mafate © Olivier Claudel

Le Conservatoire du littoral a pour mission de préserver définitivement des sites naturels le long des rivages de métropole et d’outre-mer. Pour cela il acquiert des espaces qu’il remet ensuite en gestion aux collectivités locales et aux associations qui les entretiennent avec l’aide des usagers. A ce jour le Conservatoire préserve plus de 25 000 hectares en outre-mer, répartis sur 160 sites naturels.

A Mayotte le Conservatoire du littoral protège 1708 hectares de rivages boisés, bordés de mangroves, sableux ou rocheux, répartis sur une quinzaine de sites. De nombreux écosystèmes et habitats d’espèces menacées sont ainsi préservés.

Sur les plages de Papani, les gardes du littoral assurent toute l’année un suivi scientifique des pontes de tortues ; pour limiter les nuisances les sites ont été aménagés de manière à repousser les activités touristiques vers l’arrière-plage.
Des campagnes de dératisation ont été engagées sur les îlots de Dembéni et Gombé Ndroumé afin de préserver cet important secteur de nidification des oiseaux marins tels le paille-en-queue.
Sur les sites de Saziley et Charifou, ont été recensées plus de 600 baobabs parmi lesquels 3 des 4 derniers pieds de baobab malgaches présents à Mayotte, afin de protéger cette espèce un plan de conservation est en cours.

Les collectivités locales, au cœur de l’action

Depuis déjà plus de 21 ans, l’association Les Eco Maires soutient, encourage et accompagne les collectivités locales dans leur engagement politique en faveur de la préservation de l’environnement et du développement durable. Avec 80 % de la biodiversité française en outre-mer, Les Eco Maires portent la voix des collectivités ultramarines afin de valoriser leurs initiatives.
Comptant des territoires jusque dans l’Océan Indien - La Réunion, Mayotte et les Îles Éparses - la France joue un rôle primordial dans la préservation du patrimoine aquatique.
La ville de Sainte-Rose de l’île de La Réunion travaille à la mise en place de balisage autour de ses côtes afin de préserver le milieu naturel de son territoire et de maintenir sa biodiversité.
Face aux activités humaines, la plage M’Tsanga’titi, à Mayotte, se trouve de plus en plus détériorée. Afin de protéger et préserver celle-ci, la ville de Sada a mené plusieurs actions avec et auprès des enfants telles que la plantation d’arbres, le nettoyage de la plage, la réalisation d’activités sportives ayant pour thème l’environnement, etc.