Histoire de l'Aquarium
1931 : La création de l'Aquarium tropical, à l'occasion de l'exposition coloniale
L'Aquarium tropical a été aménagé au sein du Palais de la Porte dorée, dessiné par l'architecte Albert Laprade à l'occasion de l'Exposition coloniale de 1931.
Le commissaire de l’exposition le Maréchal Lyautey souhaitait montrer aux métropolitains, de façon durable, la diversité de la faune aquatique de nos colonies.
Au cours de l'année 1934, la fosse au milieu de l'Aquarium est aménagée tel un décor par Albert Laprade lui-même, avec l'aide d’un sculpteur. Pièces d’eau et faux rochers recomposent un « coin de brousse » peuplé de crocodiles, de tortues, de singes et d'oiseaux africains. Visée scientifique et visée spectaculaire étaient menées de front, sous l'égide du Muséum national d’histoire naturelle. L'ensemble se composait d'un aquarium marin, d'un aquarium d'eau douce et d'un terrarium pour accueillir les reptiles ainsi que d'une « galerie des produits » exposant l’exploitation industrielle de certaines espèces (écailles de tortue, peaux de crocodiles, coraux…). Le projet était très ambitieux : riches décors, bacs à fonds peints et à glaces de verre de dimensions inégalées jusqu’alors… La mise en place fut assez complexe : les travaux prenaient du retard et se poursuivirent après l'inauguration du lieu, mais l'Aquarium fut un des « clous » du spectacle.
1939 à 1984 : Des périodes difficiles
Si une grande attention est portée à l’Aquarium de 1934 à 1938, la Seconde Guerre mondiale est un désastre pour l'établissement : mobilisation du personnel, coupures d'électricité, coupures de chauffage de l'eau, manque d'entretien des bassins, pénurie alimentaire… À la suite de cette période noire, de nouveaux spécimens parviennent à l'Aquarium, rapportés entre autres par des administrateurs coloniaux. L'entrée la plus célèbre est celle des crocodiles adultes du Nil, en 1948, par l’intermédiaire du professeur Théodore Monod, scientifique de renom alors directeur de l'Institut français d’Afrique noire. Du groupe originel, le dernier crocodile vécut jusqu’en 2010.
En 1960, l'avenir de l'Aquarium tropical est incertain, les liens n’étaient pas évidents avec le ministère des Affaires culturelles sous André Malraux. Son succès lui permit pourtant de se maintenir car de nombreux visiteurs affluaient vers les portes du Palais. Après une période de stagnation, une nouvelle ère s'ouvre en 1968 qui sonne le glas de la vision coloniale économique et utilitaire. Les dioramas présentant l'utilisation des eaux coloniales sont en effet démontés au profit de nouveaux aquariums, de part et d’autre du terrarium aux tortues. Une présentation « neutre » est adoptée sur des critères géographiques et esthétiques. Pourtant, malgré cette orientation majeure, le déclin se poursuit, par manque de moyens et d’implications. Si bien qu’en 1984, il n'y avait plus réellement de choix : fallait-il fermer l'Aquarium ou entreprendre d'importants travaux ?
1984 : Une nouvelle jeunesse
C'est sous l'impulsion de Michel Hignette, que la rénovation de l'Aquarium est lancée. Échelonnés depuis, les travaux sont menés progressivement sans pour autant fermer l'établissement. L'essentiel dans un premier temps est l'amélioration des conditions de vie des animaux, sans toucher à l'aspect historique du lieu, datant encore en grande partie de 1931. Un bac de plus grande dimension est installé en lieu et place de trois anciens, tandis que les baies originelles sont conservées : l'espace de vie des poissons est ainsi largement accru. Il s'agit aussi d’améliorer la qualité de l’eau. De nouveaux filtres, testés sur site, permettent l'exposition inédite d'invertébrés au sein d'un aquarium d'eau de mer artificielle (crevettes, coraux…). Cette maîtrise progressive de la qualité de l'eau et la prise de conscience du caractère pédagogique d'un aquarium marquent en profondeur l'organisation du lieu. Une réelle sélection des espèces peut être mise en place. Chaque bac est désormais pensé au sein d’une organisation globale et pédagogique de l’Aquarium.
L'Aquarium tropical aujourd'hui
La collection compte environ 4 400 animaux et 350 espèces, mais ces chiffres varient continuellement en fonction des reproductions, des mortalités, des échanges avec d'autres aquariums publics, des achats et des dons.
Actuellement, les 84 bacs présentent au public la variété des espèces aquatiques tropicales marines et d'eau douce. L'Aquarium joue le rôle d'agitateur de conscience auprès de son public afin de le sensibiliser à la beauté, la richesse, la fragilité et la nécessaire protection de ces milieux naturels.