Les recherches en cours

Les naufragés de Tromelin

Le 31 juillet 1761, L’Utile, navire marchand de la Compagnie française des Indes orientales fait naufrage sur Tromelin alors qu’il transporte illégalement des esclaves Malgaches. Abandonnant une soixantaine d’esclaves, avec la promesse de revenir les chercher, les membres de l’équipage survivants regagnent Madagascar dans une embarcation de fortune. Ce ne sera que 15 ans plus tard que l’on viendra récupérer les huit esclaves survivants (sept femmes et un bébé de huit mois). Le 29 novembre 1776, le chevalier de Tromelin, officier de la Marine royale, venu secourir les survivants précise qu’ils étaient « vêtus de tuniques en plumes tressées ». Les sept femmes et le bébé furent ensuite déclarés libres, l’île porte aujourd’hui le nom du chevalier en hommage à son acte de bravoure.

Mais comment les naufragés ont-ils survécu pendant 15 ans ? C’est ce que tentent de découvrir trois campagnes archéologiques menées en 2006, 2008 et 2010. Les fouilles sous-marines ont mis au jour des pièces provenant de l’épave. Les fouilles terrestres témoignent de la vie des esclaves qui se nourrissaient apparemment de tortues et d’oiseaux. Les traces de sépultures, les fondations de différents bâtiments et des récipients en cuivre fabriqués sur place, témoignent de leur acharnement à utiliser les matières premières fournies par l’épave. Les fouilles révèlent que la vie sur l’île faisait preuve d’une organisation maîtrisée : plus que de la survie, les résultats montrent que les naufragés s’étaient résignés à rester sur l’île et s’étaient adaptés aux conditions de vie difficiles.

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Récipients en métal fabriqués par les naufragés © GRAN

 

Outils et vivres ont été récupérés à bord de l’épave de L’Utile et ont favorisé la survie des naufragés. Le bois du navire a par exemple permis de maintenir un feu sur l’île, dépourvue de combustible.

Après le départ des Français, les Malgaches abandonnés s’installent sur le point haut de l’île. Les fouilles ont mis au jour un ensemble de bâtiments en pierre construits en utilisant des blocs de corail issu du rivage et des dalles de sable induré provenant de la côte. L’épaisseur des murs, supérieure à 1,5 m traduit la nécessité de se protéger des cyclones.

Le programme Litto3D®

Le programme Litto3D® est développé conjointement par le SHOM (Service hydrographique et océanographique de la marine) et l’IGN (Institut géographique national) afin de constituer une représentation numérique du littoral français, un  référentiel « terre-mer ».

Litto3D® constitue le socle de données indispensable à la mise en œuvre de politiques publiques de la mer et du littoral. Il permet d’améliorer la connaissance pour une meilleure prévention des risques (tsunami, houle cyclonique, élévation des eaux, submersion marine, inondation…), la protection du littoral (modification des côtes par érosion, protection de la faune et de la flore…), l’aménagement du territoire, la valorisation des potentialités marines notamment en matière énergétique. Litto3D® permet aussi de mesurer l'impact de l'évolution du niveau moyen de la mer due aux changements climatiques et d'aider au réaménagement du littoral.

Les outils employés pour la réalisation du programme sont :

  • un laser bathymétrique aéroporté pour la partie maritime,
  • un laser topographique aéroporté pour la partie terrestre,
  • un sondeur multifaisceaux embarqué à bord de navires pour compléter la partie maritime.

Ce programme est d’une importance capitale pour des îles telles que la Réunion, Mayotte et les Îles Éparses car il permet d’obtenir une connaissance plus précise de ces zones.

La Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB)

Lancée en 2008 par les Ministères en charge de la recherche et de l’écologie, la FRB a été créée par huit établissements publics de recherche. Fondation de coopération scientifique et technique, elle facilite aux niveaux national et international, la rencontre entre les scientifiques et la société pour la co-construction d’actions de recherche innovantes sur la biodiversité et les services assurés par les écosystèmes. Susciter l’innovation, développer des études et des expertises sont autant d’actions au cœur de ses missions. La sensibilisation et la diffusion accompagnent ses missions.

La FRB développe des programmes de recherche là où les enjeux de biodiversité sont forts. C’est le cas des îles de l’Océan Indien qui abritent, comme toutes les îles tropicales, une biodiversité terrestre et marine exceptionnelle, atout majeur de leur développement économique. Si l’érosion de la biodiversité suscite notre inquiétude, sa préservation nécessite des réponses adaptées aux spécificités insulaires.

Un terrain d’étude rare et précieux

Les territoires où la présence humaine est faible voire inexistante comme les Îles Éparses, offrent un sujet d’études pluridisciplinaires unique qui mérite l’attention des scientifiques. Ces lieux d’expérimentation exceptionnels font avancer les fronts de connaissance de l’impact des changements climatiques sur la biodiversité, sur notre bien-être et donc notre avenir. D’une manière générale, la France avec ses outre-mer est le seul pays en mesure de conduire des recherches le long d’un aussi vaste gradient latitudinal et climatique.

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Scientifiques au travail dans les Îles Éparses © Benoît Gysembergh

 

La recherche en actions pour les îles de l’Océan Indien

17 projets de recherche présenteront leurs résultats fin 2011 sur :

  • L’amélioration des connaissances de la biodiversité
  • les écosystèmes et les services qu’ils assurent comme la purification de l’air ou alimentation
  • la conservation et la gestion durable des espèces et des milieux, les relations entre écologie et santé humaine, animale et végétale
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Marquage de tortues marines © Benoît Gysembergh

 

Retour de campagne du Marion Dufresne dans les Îles Éparses :

 

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Marion Dufresne au large de Tromelin © Benoît Gysembergh

Le Marion Dufresne, navire océanographique de Terres australes et antarctiques françaises, vient de rentrer d’une expédition scientifique coordonné par Inee-CNRS et réalisée à la demande des TAAF. Elle a associé l’AAMP, la FRB, l’IRD, l’IFREMER. D’une durée d’un mois sur les Îles Éparses elle comportait à son bord, une biologiste de l’IRD, Pascale Chabanet, chargée d’un programme sur la diversité biologique des récifs coralliens de ces milieux insulaires exceptionnels. Situées au sud-ouest de l’Océan Indien, interdites d’accès, les Îles Éparses sont de véritables sentinelles permettant d’étudier des écosystèmes coralliens non soumis aux activités humaines. Elles sont de ce fait des sites de référence pour suivre les effets du changement climatique.
Prélude à un inventaire plus approfondi de la vie marine et des ressources halieutiques, cette étude visait à mettre en place un suivi pérenne de stations de suivi du milieu corallien. Sur chaque île, quatre stations intégrées au réseau mondial de surveillance des récifs coralliens ont été installées pour suivre l’évolution des coraux et des poissons dans le temps.
Les premières observations soulignent un très bon état des récifs coralliens des Îles Éparses et une bonne reprise de la couverture corallienne (20 à 70 %) après l’impact dévastateur d’un blanchissement survenu en 1998.
La présence de poissons herbivores et de prédateurs de grande taille, que l’on ne trouve plus par exemple sur l’île de La Réunion, est également un indicateur du bon état de santé des récifs coralliens des Îles Éparses.

Institut Écologie et Environnement (INEE)

L'INEE, l'un des dix instituts du Centre national de recherche scientifique, est un institut interdisciplinaire.

Il coordonne notamment un programme de recherche inter-organismes (CNRS –INEE et INSU- TAAF, IPEV, IRD, Agence des Aires Marines Protégées, FRB, Ifremer, MNHN) consacré à l'étude pluridisciplinaire des Îles Éparses.

Les équipes de chercheurs mobilisées associent  leurs compétences dans les domaines des géosciences, de l'écologie et de la biodiversité pour collecter des données de référence sur ces îles encore peu ou pas soumises aux influences humaines directes et développer un corpus de connaissances pluridisciplinaires sur la diversité des organismes terrestres et marins de ces îles, leurs dynamiques passée et actuelle, etc.

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© Benoît Gysembergh
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© Benoît Gysembergh

Le 1er avril 2011, près de soixante scientifiques, ont embarqué à bord du navire le Marion Dufresne, mis à la disposition par les TAAF, pour une durée d'environ 3 semaines.
Les travaux des chercheurs s'attachent à définir l’histoire des écosystèmes des Îles Éparses et leur état de santé écologique ainsi qu’à identifier les pressions que subissent ces îles et leurs vulnérabilités.

Les récifs coralliens des Îles Éparses sont de précieux indicateurs des changements environnementaux.

Ils constituent des archives uniques permettant aux scientifiques de reconstituer les variations du niveau de la mer depuis plusieurs milliers d'années.
L’observation des coraux vivants, l’étude de leur diversité et leurs capacités de résilience (la capacité de ces organismes à surmonter les stress qu'ils subissent) permettent de mieux comprendre l’impact des changements globaux comme l’augmentation de la température des océans ou encore leur acidification.

La mission Tara Oceans

Deux ans et demi d'exploration scientifique autour du globe

En septembre 2009, l’expédition Tara Oceans part réaliser l’incroyable «photographie » d’un monde vivant microscopique à la base de la vie sur Terre.

Durant 2 ans et demi, l’expédition prélève systématiquement et quotidiennement des échantillons d’eau de mer, à différentes profondeurs, tout le long d’un parcours de près de 115 000 km. 100 scientifiques impliqués dont 21 coordinateurs scientifiques. Tara Oceans permettra de dresser un panorama exhaustif des écosystèmes de base du monde marin afin de nous donner une meilleure opportunité de les connaître et de les protéger. Les résultats donneront les axes des décisions à prendre dans les années à venir.

Les récifs coralliens à la loupe

Les effets du changement climatique sur les récifs coralliens sont aujourd’hui visibles dans le monde entier. Il est donc crucial d’identifier les actions utiles pour en atténuer les menaces et de comprendre l’éventuelle tolérance des coraux au stress thermique.

Offrir aux scientifiques l’opportunité d’étudier la diversité, les conditions de vie et les facultés d’adaptation des récifs coralliens dans divers lieux peu accessibles, Mayotte, Djibouti, St Brandon (Île Maurice), Nouméa, Îles Marquises. Des techniques moléculaires et d’imagerie de pointe sont utilisées par les scientifiques pour délimiter les frontières entre les espèces et en quantifier la diversité exacte.

Tara a déjà étudié trois sites de récifs de coraux dans l’Océan Indien en 2010 : Djibouti, l’archipel de St Brandon et Mayotte.

  • Étape 1: Djibouti. Les chercheurs ont dirigé leur enquête sur la résilience et la biodiversité des récifs afin de fournir un aperçu des menaces et de l’état des écosystèmes sur 27 sites différents autour de Djibouti. Une des découvertes a été que les récifs n’ont pas montré de signes du blanchiment massif et que d’autres menaces, telles que la sédimentation et l’invasion des étoiles de mer Acanthaster pourpre, sont tout aussi déterminantes dans leur santé.
  • Étape 2 : Saint-Brandon. C’est un petit archipel d’îles sableuses et de récifs à quelques 400 km au nord de l’île Maurice. Ces îles sont gérées avec attention par une compagnie de pêche privée. Les études sur l’archipel ont coïncidé avec des pics de température d’eau de mer en surface et des niveaux modérés de blanchiment des coraux.
  • Étape 3 : Mayotte. Les scientifiques ont enregistré les plus hauts niveaux de blanchiment de coraux et de mortalité constatés dans l’océan Indien en 2010. Ainsi plus de 50 % des coraux présentaient des signes de blanchiment et plus de 30% étaient morts dans les habitats les plus vulnérables. Ces espèces, à la croissance rapide, avaient pourtant bien récupéré du précédent événement de blanchiment en 1998. Toute la question est maintenant de savoir comment ils vont supporter ce nouvel épisode.