Trois questions à Oliver Adam

Le commissaire de l'exposition Baleinopolis Olivier Adam, professeur à Sorbonne Université et spécialiste de la bioacoustique, répond à nos questions.

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Olivier Adam
Olivier Adam. Photo : Anne Volery © Palais de la Porte Dorée

Comment les avancées scientifiques contribuent-elles à la protection des cétacés ?

Olivier Adam : Hermann Melville, l’auteur de Moby Dick, a écrit son roman sans même savoir si ce « terrible » cachalot était un poisson ou un mammifère. C’est aujourd’hui un animal qui fascine les chercheurs. La science a avant tout permis une évolution du regard sur ces animaux. Ils sont devenus des ambassadeurs de la vie océanique. Car mieux connus, ils deviennent plus importants à nos yeux. Pensez au changement de statut des chiens. Ils passaient leur vie au fond du jardin de mes grands-parents, ont commencé à entrer dans la maison de mes parents, dorment quasiment aujourd’hui dans le lit de mes enfants ! Plus prosaïquement, les études, notamment acoustiques, permettent de mieux caractériser les activités humaines et de mieux évaluer leurs impacts directs sur les cétacés et leur environnement. Il s’agit de contribuer à des actions de conservation voire de régulation pour continuer à les protéger.

Le Humpback Whale World Congress, que vous avez cofondé avec l’association Cetamada, rassemble tous les deux ans des scientifiques, artistes, associations mais aussi des industriels. N’est-ce pas contradictoire ?

O.A. : Au risque de passer pour un naïf, je suis convaincu qu’il ne faut diaboliser personne a priori. Et qu’il y a des avancées significatives qui vont au-delà du symbole, avec notamment l’apparition de régulations des activités océaniques, comme au Canada. À Vancouver, les supertankers les moins bruyants paient moins de taxes sur le port. Le Québec a interdit la pêche au crabe, responsable de l’échouage de baleines franches. En France, l’entreprise Éoliennes en mer dote ses installations d’un système pour assourdir les sons. Et les régions côtières doivent désormais définir un plan d’action conciliant le développement des activités humaines et la protection environnementale.

Est-ce à la hauteur des enjeux ?

O.A. : La régulation sur terre et dans les airs existe. Qu’elle commence à se développer dans les mers est une réelle avancée, même si ce n’est pas partout sur la planète. Bien que tardive, la conscience de l’urgence environnementale est là. Chacun, vraiment, a un rôle à jouer. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas souhaité hiérarchiser, dans l’exposition, toutes les menaces qui pèsent sur les cétacés. Dire que la pêche intensive est plus dangereuse que le plastique, les collisions dues au trafic maritime ou la pollution sonore, c’est, pour chaque acteur, se décharger de sa propre responsabilité. Les mentalités évoluent, y compris chez les professionnels. C’est récent : certains incluent le respect de l’environnement marin dans leur stratégie économique.