Expositions

Caléfragile

La protection de l'environnement en Nouvelle-Calédonie
du 30 décembre 2005 au 6 mars 2006.

Cette exposition est le fruit du travail de six mois d'investigations de deux jeunes scientifiques : Céline MURON et Séverine ROLLAND (Institut national agronomique-Paris Grignon) qui ont souhaité partager avec le public l'émerveillement qu'elles ont ressenti au contact de la nature encore très préservée de la Nouvelle-Calédonie.

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Du 30 décembre 2005 au 6 mars 2006, l’Aquarium de la Porte Dorée a accueilli l’exposition-dossier : « Caléfragile : la protection de l’environnement en Nouvelle-Calédonie ».

Cette exposition comportait une centaine de photographies du milieu naturel et des panneaux didactiques expliquant les mesures prises pour préserver l’environnement. Divisée en quatre chapitres présentant les quatre éléments : l’eau, la terre, le feu et l’air, cette exposition illustre les milieux marins et forestiers ainsi que les mesures prises pour les protéger.
L’exploitation du nickel et ses conséquences ainsi que l’interprétation de leur environnement par les populations kanak clôturaient cette exposition.
Ce parcours invitait à réfléchir sur la richesse que représente la biodiversité exceptionnelle de la Nouvelle-Calédonie et la nécessité de la préserver en oeuvrant dans le sens d’une démarche de développement durable.

Les réserves marines : outil de protection ou principe de précaution ?

La Nouvelle-Calédonie et son lagon sont considérés comme un des endroits les plus riches de la planète. La Nouvelle-Calédonie possède le plus long récif barrière au monde, il est donc important de le protéger.
C'est pourquoi de nombreuses réserves marines ont été crées. Système de protection très répandu dans le monde et présenté comme un moyen de lutte efficace contre la pêche excessive.
Une réserve marine est une zone considérée pour la richesse de ses écosystèmes, son caractère plus ou moins unique mais aussi pour sa vulnérabilité face aux pressions anthropiques…

Les aires marines protégées de Nouvelle-Calédonie

Les réserves marines de Nouvelle-Calédonie :
Situées principalement en Province Sud, elles couvrent une surface totale de 37 600 hectares soit 2 à 3 % de la surface du lagon.

La mise en place et le fonctionnement d'une réserve marine : La réserve de Ouano
Afin de mieux comprendre la création d'une réserve ainsi que son fonctionnement, nous avons suivi la mise en place d'une réserve à Ouano sur la côte ouest de la Grande Terre.

La création de la réserve : Les raisons de création d'une réserve sont diverses :
• protéger un habitat  : il s'agit de protéger un paysage sous-marin c'est à dire un écosystème entier.
• protéger une espèce en interdisant la pêche ou la chasse (tortue, dugong) sur un périmètre particulier ou en minimisant les agressions à un moment particulier de leur développement.

Délimitation de la zone à protéger : En général, il y a un compromis selon les usages (tourisme, pêche) mais aussi selon la sécurité en mer.

Création du point zéro : l'état de référence de la réserve : Afin de mieux appréhender l'effet de la réserve, les scientifiques effectuent ce que l'on appelle « le point zéro » la réserve.

Il s'agit d'évaluer la densité de poissons ainsi que la diversité du secteur.

Annonce, communication de la mise en réserve : Une fois la réserve créée le public est informé par des articles dans les journaux, des dépliants, des magazines et des guides. On retrouve ce genre d'informations plus particulièrement dans le calendrier des marées qui est obligatoire sur un bateau.

Surveillance, contrôle : La surveillance est assurée par la Province Sud.

La sensibilisation du public : La sensibilisation du public à la réglementation des réserves est une partie importante. En Nouvelle Calédonie, cette tâche est assurée par le Centre d'Initiation à l'Environnement (CIE).

Les réserves marines : un système de protection en attendant mieux ?

Effets à l'intérieur des réserves : La mise en place d'une réserve marine a pour première conséquence, l'interdiction de pêche dans la zone concernée. Cette interdiction a pour effet de réduire la mortalité par pêche des espèces comestibles et commerciales dans la réserve à un taux significativement bas par rapport aux zones pêchées. Les effets des réserves marines admis par la communauté scientifique sont :
•  une augmentation du nombre d'individus mais aussi du nombre de rivalités.
•  une augmentation de la biomasse.
•  une augmentation du nombre de grands individus.

Effet des réserves sur la production d’œufs et de larves par unité d'aire : La fécondité des poissons coralliens dépend de leur biomasse ; plus celle-ci est importante et plus la fécondité sera importante. La présence d'une réserve marine aurait donc pour effet d'augmenter la production d’œufs par unité d'aire.

Effet à l'extérieur des réserves :

Le Spillover effect ou l'effet débordement :
Il s'agit de l'export net des adultes depuis la réserve vers les zones non protégées. Cela comprend les poissons qui ont émigré depuis les réserves et ceux qui ont immigré vers les réserves.
Le spillover effect est donc un gradient de poissons qui ont tendance à sortir de la réserve sur quelques centaines de mètres.

L'effet sur le recrutement
Dans ce paragraphe nous définissons le recrutement comme l'apport de jeunes dans la réserve. Ces jeunes proviennent à la fois des oeufs produits par les poissons déjà présents dans la réserve mais aussi de ceux produits à l'extérieur.
Deux cas se présentent :
•  soit le recrutement est limitant  : pour des années à fort recrutement, il va y avoir un grand apport de jeunes dans la réserve. Celle-ci va donc voir sa population augmenter.
• soit le recrutement n'est pas limitant  : la capacité d'accueil de la réserve est beaucoup moins importante que le nombre de jeunes arrivant dans celle-ci. On ne va donc pas observer un déplacement des jeunes présents dans les zones non protégées vers la zone protégée puisque le milieu est déjà saturé.
Mais ceci s'ajoute à ce que l'on appelle « l'effet d'île ». Il a été observé que les jeunes ont tendance à aller non pas vers les zones libres d'espace, où il y a moins de poissons mais plutôt vers les zones où la quantité de poissons va être importante. La réserve va donc attirer les jeunes présents aux alentours de la réserve et cela va donc avoir pour effet de désertifier les zones proches de la réserve.

Discussion sur l'efficacité réelle des réserves
L'efficacité réelle des réserves est très controversée. En effet, même si la présence des réserves marines apparaît comme étant un bon outil de protection de l'environnement marin, il est rare de trouver des expériences scientifiques démontrant de façon non-équivoque ces bienfaits. Cela dépend aussi et surtout du but recherché : si la réserve a pour but de reconstituer un stock de poissons très faible, alors les effets seront généralement nets ; mais s'il s'agit de préserver un milieu peu impacté à la base, les effets ne seront pas forcément évidents. Par ailleurs, il a été observé ce qui pourrait être des dérèglements dus à la réserve. De plus, la création de nouvelles réserves entraîne l'augmentation de l'effort de pêche sur les autres endroits non mis en réserve.

Conclusion

Les réserves de Nouvelle-Calédonie semblent être des « poches » de fonds sous-marins permettant la sauvegarde du trésor que sont la faune et la flore de ce lagon.
Entre la difficulté de surveiller ces réserves et donc de faire appliquer les règles, le respect de celles-ci par une population sensibilisée et la question d'une réelle efficacité de ce système, il est bien difficile d'avoir une opinion tranchée.
Les réserves marines pourraient donc être plus un moyen de précaution en attendant la réelle preuve de leur efficacité ou pourquoi pas en attendant un meilleur système de protection.

Les réserves terrestres

Classée au cinquième rang mondial en termes de biodiversité, la Nouvelle-Calédonie est dotée d'un joyau qu'il faut protéger. Les différents types de réserves terrestres des Provinces Nord et Sud ont pour objectif de préserver cet environnement.

Parcs et réserves de Nouvelle-Calédonie :

L'essentiel des réserves terrestres se trouve dans la Province Sud et  représentent près de 7 % de la superficie (47 000 ha).
La Province Nord, moins peuplée et au développement économique plus mesuré, est également dotée de 4 réserves dont la superficie totale atteint près de 11 000 hectares.
Dans la Province des îles Loyauté, la notion de réserve n'existe pas, mais la pratique coutumière joue un rôle important en établissant des tabous sélectifs, c'est-à-dire en interdisant l'accès à certaines zones. Certains espaces sont ainsi protégés par les croyances ou l'histoire de la tribu.

La création des réserves
La majorité des réserves terrestres a été créée il y a plus de 20 ans. Le Service des Eaux et Forêts avait délimité des réserves dans des endroits présentant des espèces rares ou un peuplement significatif dense d'espèces endémiques (présentes uniquement en Nouvelle-Calédonie). Le fondement s'appuie donc sur des critères écologiques mais principalement botaniques.

La délimitation des réserves
Elle répond à plusieurs critères :
•  Écologique  :
Elle tient compte des habitats et tente de rééquilibrer les différents types d'écosystèmes
•  Topographique  :
Elle essaie de faire correspondre la frontière de la réserve terrestre avec des frontières naturelles.
•  Fonciers et miniers :
Elle ne peut s'implanter dans des zones privées sans l'accord des propriétaires.

Les moyens de communication
Un support médiatique (télévision, brochures...) est censé informer la population de la création de la réserve.

Les moyens de surveillance
Le service des Parcs et Réserves de la Direction des Ressources Naturelles (DRN) assure la surveillance des réserves terrestres de la Province Sud. Une mission bien difficile quand on considère que seulement 40 personnes sont responsables de plus de 47 000 hectares !

Une réglementation respectée ?
Il est à regretter qu'aucune étude ne permet de vérifier si la réglementation est bien respectée.

Rôle des parcs et réserves
Si les parcs ont pour vocation première la conservation et la valorisation de la biodiversité, ils ont également un rôle de sensibilisation auprès du public grâce à des aménagements conçus pour guider et informer les visiteurs.

Le Parc de la Rivière Bleue

Présentation du Parc
Il est situé dans la partie Sud de la Grande-Terre, à 60 Km à l'Est de Nouméa.
3 types de végétation :

•  La forêt humide :
Elle représente 60 % de la surface et se caractérise par une abondance et une diversité de flore dont le taux d'endémisme est de  95 %.

•  La forêt ouverte ou forêt secondaire :
Elle est également présente avec des arbres de taille plus modeste.


•  Le maquis minier :
Il se caractérise par une végétation basse (inférieure à 2,5 mètres) du fait des déforestations et des feux.

Les oiseaux
La plupart des oiseaux calédoniens sont également présents dans le parc.

•  Les Perruches :
Les perruches cornues (Eunymphicus cornutus) et les perruches à front rouge (Cyanoramphus saisetti) qui sont respectivement classées espèce en danger et espèce menacée sont également présentes dans le Parc de la Rivière Bleue.

•  Les Cagous :
(Rhynochetos jubatus)
Emblème de la Nouvelle-Calédonie, c'est un oiseau endémique à la Grande-Terre. Le Cagou en danger? Classé par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) comme espèce en danger d'extinction, le cagou est une espèce protégée.

Présentation d'un programme d'étude dans le Parc de la Rivière Bleue
Deux scientifiques passionnés (Sophie Rouys et Jörn Theuerkauf) contribuent à la protection de ces oiseaux en fournissant des données sur leur écologie et sur leurs interactions avec les mammifères prédateurs introduits.

Les mammifères introduits
Rappelons que les chauves-souris sont les seuls mammifères indigènes à la Nouvelle-Calédonie. Les rats sont donc devenus des prédateurs dangereux.

Les cagous
Les cagous sont capturés durant la journée en utilisant un filet. Ils sont alors équipés d'un émetteur avant d'êtres relâchés.

Conclusion

Les réserves terrestres répondent à un besoin de protéger un environnement particulièrement riche, diversifié et endémique. Si l'accent est aujourd'hui mis sur les aménagements sensibilisant le public aux richesses et fragilités des parcs, la surveillance reste difficile.
Les programmes de protection mis en place dans les aires protégées semblent être un bon moyen pour conserver les espèces menacées mais aussi pour acquérir des informations sur la biologie de différents écosystèmes. Cependant, ces programmes répondent à des situations d'urgence.

Le Récif Corallien de Nouvelle-Calédonie : Un trésor à sauvegarder !

L'écosystème corallien est considéré comme le plus diversifié, le plus complexe et le plus productif des écosystèmes marins.

Le corail constructeur

Le corail est formé d’un polype et d’une algue vivant en symbiose. Le polype est un animal primitif invertébré qui vit en colonies. Les zooxanthelles (algues unicellulaires) vivent dans la cavité gastrique du polype ainsi que dans les tentacules. La couleur de ces algues est responsable de la coloration des coraux. La période de reproduction est complètement variable d'une espèce à l'autre. On observe cependant, notamment sur la Grande Barrière de corail en Australie, une ponte massive à la première pleine lune de printemps.

Facteurs conditionnant le développement des récifs coralliens :

La température de l'eau doit être supérieure à 18-20°C et inférieure à 30 °C.
En cas de réchauffement anormal prolongé de la température de l'eau, il va y avoir rupture de l’association symbiotique et le corail va perdre sa pigmentation. C'est ce que l'on appelle : le blanchissement.

L' éclairement doit être suffisant pour la photosynthèse des algues symbiotiques.

La salinité est optimale à 35 ‰ . Par contre, les coraux ne supportent pas de fortes diminutions de la salinité. C'est pourquoi les constructions coralliennes s'interrompent au niveau des estuaires et des passes lorsque celles-ci correspondent aux anciennes embouchures de fleuves.

La turbidité : les coraux sont étouffés par l'excès des dépôts de particules fines. Les coraux présents dans les fonds de baies et ceux du récif frangeant sont des espèces adaptées à la turbidité. C'est l'excès de sédiments qui est nocif.

L'immersion : une émersion supérieure à 3 heures est généralement fatale.

Les Récifs Coralliens

Localisation :
Situés dans la zone intertropicale, les récifs coralliens s'étendent sur 600 000 km²… Mais dans l'océan Pacifique, les récifs coralliens sont situés à l'ouest excepté l'archipel des Galápagos à l'est. Il est à noter qu'il n'y a pas de récif aux Marquises ni sur la côte du Pérou.
La plus impressionnante formation récifale est la Grande Barrière d'Australie au large de la côte du Queensland. Longue de 1 600 km et large de 200 à 1 800 m (largeur des platiers et des récifs externes), elle n'est toutefois que la deuxième plus grande barrière au monde. En effet, il a récemment été établi, que la barrière récifale de la Nouvelle-Calédonie est la plus longue (en continu).

Formation du récif calédonien :
La Nouvelle-Calédonie s'est formée par un détachement de la plaque australienne. Pendant la dérive de celle ci, un récif corallien s'est alors formé. Le corail croît de quelques millimètres par an lorsque les conditions sont stables mais cela est très variable selon les espèces.

Les principales parties d'un récif barrière :
La pente externe est la partie la plus externe du récif, celle exposée à la haute mer.
Le platier récifal émerge couramment à marée basse.
La pente interne est caractérisée par une faible déclivité. La vie corallienne y est très active et la durée de vie des massifs est plus importante du fait de l'absence des houles destructrices du large.
Le lagon regroupe la partie située entre le récif frangeant et le la pente interne du récif barrière.

Le récif corallien : un écosystème aussi fragile que magnifique…

D'après le bilan de l'état de santé des récifs coralliens à travers le globe en 2002, il a été estimé que 58% des récifs sont menacés et 10% sont sévèrement dégradés ou détruits.

Les perturbations d'origine naturelle
Les cyclones et autres phénomènes atmosphériques : ils ont donc une action de destruction mécanique et diminuent fortement la salinité de l'eau et la turbidité. Mais ce sont des phénomènes naturels auxquels les coraux sont habitués.

Le réchauffement de l'eau de mer : une période de temps très calme en période chaude va avoir pour incidence d'augmenter la température de l'eau. En Nouvelle-Calédonie, en 1995, un phénomène de blanchissement inédit a été observé faisant suite à une augmentation anormale de la température de l'eau.

L'invasion de prédateurs des coraux : comme l’étoile de mer : Acanthaster planci. Souvent présentée comme le diable en personne pour le corail, elle se nourrit de polypes vivants. Mais les développements importants existent depuis des millénaires et cela bien avant l'Homme.

Les perturbations d'origine anthropique
La pêche : de nombreuses méthodes destructrices ont été mises au point pour optimiser la prise de poissons coralliens : la méthode du dynamitage et  l'utilisation de cyanure pour capturer les poissons récifaux destinés à des aquariums.

Les activités extractives utilisent le corail comme matériau de construction.

L'agriculture et l'exploitation minière augmentent, via les eaux de ruissellement, la quantité d’engrais, de pesticides et le défrichement à des fins agricoles (feux de brousse) ou pour l'extraction de minerai comme le nickel en Nouvelle-Calédonie accentuent le phénomène d'érosion et augmentent les apports terrigènes dans le lagon.

L'urbanisation apporte aussi son lot de dégradations. C'est au niveau du littoral de Nouméa que l'urbanisation pèse le plus sur le récif corallien de Nouvelle-Calédonie. De très importantes portions de mangroves et de récifs frangeants ont, en effet, été détruit depuis 1960.

La beauté des récifs coralliens est indispensable au développement du tourisme. Mais ceci est à double tranchant. En effet, depuis les installations pour l'accueil, le transport et jusqu'aux activités récréatives, l'afflux de quantités de touristes dégrade les récifs coralliens. Les promeneurs écrasent sous leurs pieds les coraux fragiles, les plongeurs les abîment avec leurs palmes, les ancres labourent les récifs tandis que les plus romantiques ou artistes prélèvent des organismes encore vivants pour le souvenir…

Le trafic maritime est important en Nouvelle-Calédonie en raison de l'exploitation minière. Les opérations de chargement et de déchargement du minerai constituent des risques de pollution avec le déversement accidentel d'hydrocarbures et de produits chimiques.

Enfin l'aquaculture en Nouvelle-Calédonie, particulièrement, la production de crevettes est importante et les eaux usées des fermes chargées en éléments nutritifs sont rejetées dans le lagon et pourraient affecter les récifs.

Etat du récif corallien de Nouvelle-Calédonie

Les récifs coralliens sont considérés comme « florissants ; le littoral et le milieu marin ne sont affectés qu'aux abords de Nouméa, où les récifs frangeants et les mangroves régressent, et aux embouchures des rivières polluées par les extractions minières ».

Protection et restauration des récifs coralliens endommagés

La première chose à faire dans l'optique de protéger et de restaurer un écosystème corallien, c'est de stopper les causes de dégradation aussi bien sur la terre que sur les récifs eux-mêmes. Afin d'aider le récif à se reconstituer, différentes méthodes sont utilisées dont la restauration.

Les différentes techniques de restauration du récif
Restauration physique : Elle consiste à mettre en place des structures naturelles ou artificielles (pneus, épaves, structures métalliques ou béton…). Au fil du temps, le corail va se développer dessus, et c'est tout un écosystème qui va coloniser ce nouveau fond rempli de recoins. La Nouvelle-Calédonie possède quelques épaves dont certaines ont été coulées volontairement afin de fournir aux plongeurs de nouveaux sites de plongées. Cela permet de canaliser le tourisme dans un endroit où ses effets seront moins importants.
Restauration biologique : plus délicate que la précédente, elle fait intervenir la manipulation d'espèces vivantes du milieu récifal (coraux, poissons, algues, oursins…).
Mais rappelons que la meilleure façon est d'arrêter les nuisances. La nature saura rebâtir mieux que quiconque...

Un moyen de protection suggéré en Nouvelle-Calédonie : l'inscription au Patrimoine Mondial de l'UNESCO
L'inscription au patrimoine mondial apporte uniquement un label international visant à montrer au monde entier la beauté et la valeur d'un site mais aussi l'importance de le protéger.
Le dossier de demande d'inscription déposé le 1 er février 2002 a été rejeté par l'UNESCO. En effet, celui-ci manquait d'une description précise du bien à inscrire ainsi que d'un plan de gestion détaillé. Il semblerait aussi que la procédure n'avait pas été respectée puisque la demande n'était pas faite par les personnes en charge.

Les arguments favorables à l'inscription
Un trésor à protéger : certes, l'état du récif est excellent, bien que l'on constate déjà des transformations anthropiques à Nouméa. Il serait donc plus judicieux de ne plus commencer à se préoccuper des écosystèmes lorsque la situation est déjà grave. « Mieux vaut prévenir que guérir ».
Le tourisme au secours de la Nouvelle-Calédonie ?  Cela développerait donc le secteur du tourisme sur l'île. L'économie du pays, basée pour le moment sur l'exploitation du nickel, pourrait se diversifier et se stabiliser.

Les arguments défavorables à l'inscription
L'écosystème le moins menacé de Nouvelle-Calédonie : en effet, considéré par les organismes compétents comme en bonne santé, il semble plus urgent de protéger des richesses hautement plus affectées en Nouvelle-Calédonie telle la mangrove largement menacée par le développement urbain et indispensable au paysage calédonien ou encore la forêt sèche. Seul le littoral de Nouméa serait donc préoccupant.
Un plan de gestion de Titan : Les organismes de gestion des aires marines protégées se considèrent déjà submergés. En effet, une grande quantité de réserves a été mise en place mais seuls deux bateaux (bientôt trois) en assurent la surveillance.
Le problème de la pêche : L'inscription au Patrimoine Mondial interdirait la pêche traditionnelle.
La pression touristique : La Nouvelle-Calédonie n'est pour l'instant pas une destination touristique prioritaire (coût élevé de la vie, le prix du billet d'avion…). Il ne faut pas oublier que le tourisme s'accompagne de logements, de moyens de transports etc… qui ne sont pas encore présents sur l'île. C'est pourquoi le tourisme apparaît pour certains comme étant très destructeur. On peut en arriver même à se demander si certains sites ne seraient pas mieux protégés tout simplement en tombant dans l'oubli…

Conclusion

L'inscription du récif calédonien reste donc un débat bien ouvert. L'important est de garder un objectif en tête : protéger le récif. Une issue pourrait résider dans une des failles du dossier de demande d'inscription à savoir la délimitation précise du récif à inscrire. En effet, ce qui semblerait mettre d'accord la majorité des acteurs serait l'inscription du récif situé au niveau de Nouméa ou bien au niveau de ce qui est appelé « la Côte Oubliée », côte restée encore assez sauvage puisque dépourvue de route…

Nickel et environnement

Le nickel de Nouvelle-Calédonie fait parler de lui depuis plus d'un siècle. Il agit comme un "Dieu social", régulant l'économie du pays. La Nouvelle-Calédonie est actuellement le 3ème pays producteur de nickel après la Russie et le Canada...

Le Nickel, une ressource exploitable :

Les acteurs du business métallurgique en Nouvelle-Calédonie : Eramet (avec la Société Le Nickel ), INCO (avec sa filiale Goro-Nickel), Falconbridge

Une exploitation à contrôler pour protéger l’environnement…

Le fléau minier en bref :
Actuellement, l'exploitation minière a 2 conséquences majeures sur l'environnement :

• La dégradation de la végétation avec le risque à terme de voire disparaître certains écosystèmes d'une richesse et d'une diversité exceptionnelle.

• L'accroissement des surfaces dénudées sensibles à l'érosion et sources de rejets sédimentaires dans rivières et lagons.

Depuis 1976, les sociétés d’exploitation développent des politiques environnementales.

Des politiques environnementales plus respectueuses qu'autrefois :
Afin de protéger l'environnement, plusieurs mesures ont été prises :

1. Stockage contrôlé des stériles miniers : Depuis 1976, les stériles sont donc stockés en décharges, en théorie stabilisées et contrôlées.

2. Drainage et décantation pour contrôler les eaux de ruissellement : Permet de contrôler les eaux de ruissellement , de restituer aux rivières une eau moins chargée en matières en suspension.

3. La Revégétalisation :  a pour but la restauration, à terme, des sites dégradés par l’implantation d’un couvert végétal sur l’ancien site minier. L’efficacité de cette méthode est très controversée.

4. Conservation d'un merlon de terrain naturel : Permet de maintenir les écosystèmes originellement présents afin de favoriser une recolonisation future du couvert végétal.

5. Captage de la poussière rejetée :  dispositif mis en place sur les sites industriels pyrométallurgiques.

6. Diffuseur de l'eau rejetée en milieu marin : L'hydrométallurgie rejette de l'eau dans le milieu marin. Le diffuseur permet de diluer les concentrations en éléments dissous de sorte qu'elles sont compatibles avec le milieu marin.

Conclusion

Depuis une trentaine d'année, les exploitants des sociétés minières essaient de développer des techniques plus respectueuses pour l'environnement mais quel avenir pour les écosystèmes terrestres endémiques et pour les organismes sous marins ?
Nickel et Environnement, deux mots clés pour la Nouvelle-Calédonie. Mais peuvent-ils aller ensemble?

La forêt sèche : un trésor en danger !

La forêt sèche ou sclérophylle est présente partout dans le monde en zone intertropicale, mais elle est aussi un des écosystèmes terrestres les plus menacés de la planète. En effet sa surface actuelle correspond à 1 % de sa surface originelle. En Nouvelle-Calédonie, il ne se trouve plus, à ce jour, de forêts sèches intactes. Malgré sa menace, la forêt sèche néo-calédonienne contient encore un taux d'endémisme de 57,5 % (taux d’espèces existant nulle part ailleurs dans le monde).

Menaces :

En dehors des cyclones et des dépressions tropicales, tous les dommages sont d'origine humaine.

La vocation agropastorale des terres de la côte ouest.     La construction de maisons et de routes qui réduit encore l'aire de la forêt sèche.
Les cerfs et les lapins qui ont été introduits broutent les jeunes plantes, détruisant progressivement la forêt.

L'arrivée de nouvelles espèces invasives sur la Nouvelle-Calédonie comme la fourmi électrique, le faux mimosa, la sensitive géante, le lantana ou le goyavier qui peuvent entraver le développement des espèces indigènes voire les éliminer.
Les feux de brousse amplifient la diminution de la surface de la forêt sèche.

Programme de conservation : Programme Forêt Sèche

Objectif : L'objectif global du programme est de conserver durablement les forêts sèches de Nouvelle-Calédonie à l'intérieur mais surtout hors des aires protégées, pour le bénéfice de tous.

Actions : Ce programme établi sur 5 ans suit différentes étapes :

  1. Amélioration des connaissances quant à la forêt sèche
  2. La protection de la forêt sèche
  3. La restauration de la forêt sèche
  4. La valorisation de la forêt sèche (socio-économique)
  5. La gestion durable de la forêt sèche


Conclusion : l'intérêt de la forêt sèche

  • un écosystème à part entière avec tout ce que ça implique (faune, flore, milieu)
  • une biodiversité non négligeable (des plantes rares et uniques)
  • des applications possibles profitables à la société (cosmétique, médecine, agronomie, ornement)
  • un milieu extrêmement menacé (1% de sa surface originelle et des menaces toujours en vigueur)

 

Informations complémentaires sur le site du projet « Caléfragile ».